Infidélité et rencontres à Paris : Démêler les mythes et réalités du dating caché

Infidélité et rencontres à Paris : Démêler les mythes et réalités du dating caché
11 avril 2025 Lucie Moreau

Infidélité Paris : ce mot fait surgir tout un tas de fantasmes, d’images de femmes mystérieuses quittant l’hôtel Amour à la hâte, ou de rendez-vous volés sur les quais mouillés de la Seine. Mais alors, la capitale française mérite-t-elle vraiment sa réputation de haut-lieu du dating infidèle ? Derrière les regards complices échangés au Balajo ou dans un café du Marais, où finit le mythe, où commence la réalité ? Ce sujet, dans les bureaux ouverts de start-ups du Sentier comme dans les terrasses animées de la place de la République, fait encore jaser, intrigue et amuse. Moi, depuis mon appartement du 11e, j’ai passé des heures à décortiquer ce qui fait la singularité de l’infidélité à Paris, entre héritage culturel, usages modernes et étonnante complicité silencieuse chez tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, jouent avec ces limites.

Les origines et traditions de l’infidélité dans la culture parisienne

Il y a un truc qui saute aux yeux dans la vie parisienne : on adore raconter que la ville a inventé l’art de l’infidélité raffinée. Entre les carnets de Casanova, les histoires sulfureuses de Colette ou les marivaudages de la Belle Époque, le cliché de la Parisienne libertine n’a jamais eu autant la cote… mais d’où ça vient ? Déjà, il faut rappeler que sous Louis XV, les liaisons étaient monnaie courante à la cour, presque codifiées dans le langage du cœur et… des alcôves. Ce petit penchant national a traversé les siècles pour nourrir des récits, des films (pensons à « Les Choses de la Vie » ou « La Femme d’à côté » de Truffaut), et bien sûr une foultitude de chansons. Charles Aznavour, Serge Gainsbourg, Patrick Bruel — ils n’ont jamais cessé de magnifier la tromperie, en mode tendre ou désespéré. On se croirait dans une fête permanente, où l’on joue avec le feu sous prétexte d’intelligence du cœur.

En réalité, la tradition n’est pas si rose ni si universelle. Certes, Paris a toujours été un aimant pour ceux qui cherchent à sortir du cadre, mais c’est une infidélité qui se décline selon les époques et les quartiers : ainsi, la Rive Gauche littéraire, avec ses hôtels du Quartier Latin, ses rencontres dans la pénombre du Rosebud, contraste fort avec les brunchs très « open » de la rue Oberkampf, où les jeunes trentenaires parlent polyamour aussi facilement qu’on commande un flat white. Les différences générationnelles sont frappantes : là où nos parents faisaient tout pour cacher (ou soupçonnaient tout le monde), des applis type Gleeden affichent carrément leur spécialité dans le dating extraconjugal, et en profitent sans honte.

N’oublions pas une réalité purement sociologique : la densité urbaine, la promiscuité, la tentation permanente, les horaires éclatés qu’imposent métiers à rallonge ou jobs étudiants dans Paris. Ils multiplient les opportunités (ou les prétextes) : le fameux verre « pro » au Silencio, le spectacle improvisé à l’Opéra-Comique qui finit très tard, ou cette collègue croisée quatre fois de suite aux puces de Saint-Ouen. L’adultère à Paris, ce n’est pas juste un mythe : c’est un jeu social, avec ses propres codes. Un jeu où, finalement, tout le monde s’invente ses propres règles et alibis.

Ce que disent vraiment les chiffres et ce qu’on ne raconte jamais

À entendre les conversations à la sortie des bureaux ou lors d’un cocktail du côté du Canal Saint-Martin, on dirait que 80% des Parisiens mènent une double vie. L’impression est forte, mais la réalité, comme toujours, est plus nuancée. Selon un sondage IFOP datant de fin 2023, 43% des habitants de Paris déclarent avoir déjà trompé leur partenaire au moins une fois dans leur vie. Pour les moins de 35 ans, cette proportion grimpe à 53%. Ces taux sont bien supérieurs à la moyenne nationale qui tourne autour de 35%. L’explication ? La grande concentration d’opportunités, la tolérance culturelle vis-à-vis des liaisons, mais aussi l’ultra-discrétion dans la gestion de ces secrets.

Un autre détail qui surprend souvent : la répartition hommes-femmes est quasi parfaite ! La figure clichée du mari volage rattrapé par la réalité : aujourd’hui, 47% des Parisiennes reconnaissent avoir déjà franchi la ligne rouge (contre 41% des hommes). On est loin de la vieille légende des femmes traditionnelles tenant le foyer pendant que les maris draguent au whisky-coca sur les Grands Boulevards.

Le secteur de la rencontre extraconjugale ne s’en cache pas : Gleeden, fondée en France, affirme avoir dépassé les 3 millions d’inscrits français, dont près d’un quart vit à Paris ou en proche banlieue. Les clubs libertins ne manquent pas (citons le Chabanais ou Les Chandelles, mythiques pour certains, discrets pour tous). Même chose pour des bars à cocktails « friendly » tels que le Moonshiner ou le Ballroom, où les jeux de regard sont presque institutionnels.

Les motifs de l’infidélité parisienne ne sont pas seulement liés à la routine ou à l’ennui. Beaucoup parlent du « besoin de vibrer », du frisson face à l’anonymat de la foule, de la peur de passer à côté de quelque chose qui pourrait arriver « ce soir, ici, maintenant ». Les coachs en relations amoureuses parisiens insistent : la tentation de l’aventure est une pression sociale presque aussi forte que l’envie même de tromper. Et puis, ce n’est pas qu’une question de sexe. Parfois, il s’agit d’un déjeuner complice rue du Faubourg Saint-Denis, d’un café tranquille au Loustic, d’un slow dansant lors d’une soirée speakeasy cachée.

AnnéeTaux d'infidélité déclaré à Paris (%)Taux hommes (%)Taux femmes (%)
2021394138
2022414241
2023434147

Applications, lieux et services : où et comment ça se passe vraiment ?

Applications, lieux et services : où et comment ça se passe vraiment ?

À Paris, le dating caché se digitalise… mais garde ce petit parfum d’ancien. Glissez sur Tinder un mardi à 22h à Paris et vous remarquerez un détail : beaucoup de profils précisent « recherche relation discrète » ou « dans une situation compliquée ». Les parisiennes utilisent Gleeden ou Ashley Madison non seulement pour éviter les regards indiscrets, mais aussi pour bénéficier de fonctionnalités spéciales (chat sécurisé, double identités, outils de suppression automatique des messages). D’ailleurs, le quartier du Marais, longtemps repère LGBTQ+, s’est ouvert ces dernières années à une clientèle bien plus variée en quête d’aventures discrètes. Si l’on se risque vers Montmartre ou Saint-Germain, les cafés aux ambiances feutrées type Le Consulat, la Closerie des Lilas ou les speakeasies planqués font toujours partie des spots favoris pour des rendez-vous qui n’ont rien d’anodin.

Et puis, il y a tous ces lieux inattendus où l’on flirte encore « à l’ancienne » : les rayons de la librairie Shakespeare and Company après l’apéro, les petites salles obscures comme le cinéma du Panthéon. Plus étonnant encore, la généralisation des espaces de co-working entre Pigalle et République offre une belle excuse pour sortir, voir du monde, et « tomber » sur la personne qu’on avait croisée en ligne.

De nombreux coachs de rencontres parisiens conseillent d’ailleurs quelques règles d’or : fuyez les arrondissements où vous habitez si vous craignez les rencontres inopportunes, préférez les musées après 19h (Le Centre Pompidou ou le Palais de Tokyo accueillent souvent des vernissages privés, idéaux pour des retrouvailles incognito), et laissez votre téléphone sur « mode avion » si vous partez à deux pour un week-end à Étretat ou à Honfleur. Concernant les services spécialisés, certaines conciergeries très prisées par les cadres parisiens (comme My Paris Agency) peuvent organiser en toute discrétion des sorties, réservations ou même locations de chambres d’hôtel « safe » où la trace bancaire est remplacée par un système de paiement anonyme.

Quand je discute avec des amies qui ont sauté le pas, le même mot revient toujours : vigilance. À Paris, on peut croiser le collègue, le voisin, l’ami commun… partout. La confidentialité, ici plus qu’ailleurs, dépend de la capacité à mélanger vrais prétextes et improvisation locale. Dans mon cercle, ce n’est pas rare de voir des « partenaires secrets » venir en vélo électrique, prendre une photo de la carte restaurant pour garder une preuve fausse destinée à un Jules jaloux, ou encore passer par l’appli Citymapper pour tracer des itinéraires biscornus afin d’éviter de croiser des connaissances. Ce côté ludique renforce parfois l’excitation… et les risques !

Comment parler d’infidélité à Paris… et avec qui ?

Sur le papier, tout le monde semble tolérer ces écarts. Mais dans la vraie vie parisienne, se confier sur une double vie n’a rien d’un acte anodin. Entre la tradition du « secret bien gardé » et la peur du jugement social, l’adultère à Paris s’entoure souvent d’un silence gêné, voire complice. Mon cher Julien, éternel faussement naïf, fait toujours semblant d’ignorer les histoires de ses collègues ; et mes copines, elles, s’échangent des conseils par message codé sur Telegram ou Signal, jamais sur WhatsApp, trop risqué. Les réseaux féminins restent ultra solides, comme le mythe du « cercle » dans Sex and the City, version croissants et cafés allongés rue de Bretagne.

Impossible de passer à côté des influenceuses qui dédramatisent le sujet sur Instagram, n’hésitant plus à poster des stories « dates surprises », ou à faire des vannes en story sur leur « journée off » alors qu’on sait très bien qu’elles étaient en rendez-vous secret. Même les podcasts parisiens — Le Coeur sur la Table, Entre nos lèvres — multiplient les épisodes où des anonymes racontent leurs histoires, leurs ratés, leurs prises de risques (et parfois leurs regrets). Le point commun ? Tous insistent sur l’importance de choisir la bonne oreille avant de se confier.

Dans un univers où le jugement peut vite tomber, la discrétion reste la règle. Après 23h, sur certaines terrasses entre Pigalle et Bastille, on croise des groupes d’amis silencieux, qui se contentent d’un clin d’oeil. En ligne, les espaces de parole anonymes explosent : Reddit France, le forum Doctissimo, ou des applis plus confidentielles comme Whisper captent des émotions, cherchent du soutien, pèsent le pour et le contre. Car à Paris, la tentation est partout, mais la franchise reste… optionnelle.

S’il ne fallait retenir qu’un conseil pour explorer ce terrain miné : garder sa capacité à doser le vrai du faux, choisir ses alliés, et se rappeler que la magie de Paris, c’est autant le charme discret des flirts interdits que la fidélité tranquille d’un soir pluvieux à deux. La réalité ? Tout le monde n’est pas infidèle à Paris, mais tout le monde en connaît au moins un. Et si le tabou reste vivace, la ville, elle, continue de réinventer la façon d’en parler, d’aimer, et parfois… de mentir avec style.

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